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Chronique

Cantons-de-l’Est ou Estrie : un débat vieux de 75 ans !

11 février 2022

La Commission municipale du Québec est présentement en consultation sur la demande de révision de nom de la région administrative de l’Estrie. Comme acteur culturel et comme observateur historique de la région, le Mhist souhaite apporter son apport, son expertise, dans la réflexion sur le nom de la région administrative 05 ajoutée de ses « nouvelles » MRC. Le Mhist n’entend pas prendre position mais plutôt exposé les faits historiques qui ont caractérisé les différentes appellations de la région.

La nation W8banaki occupe le territoire bien avant la colonisation. Le Ndakina, signifiant « notre territoire », n’est pas définie par des frontières ou des tracés officiels. Situé entre la rivière Richelieu et une extrémité du bassin versant de la rivière Saint-Jean, ce territoire s’étend du Fleuve Saint-Laurent jusqu’à une partie de la Nouvelle-Angleterre actuelle.

En 1792, suite à l’octroi des premiers cantons, la région prend le nom comté électoral du Buckinghamshire. Ce nom change suite pour Eastern Townships of Lower Canada, par opposition à Western Townships of Upper Canada, le nom est contracté en Eastern Townships vers 1806. De l’apparition du nom « Eastern Township » apparait la traduction partielle des Townships de l’Est vers 1833 et, finalement, la traduction complète Cantons-de-l’Est en 1858.

Ce n’est qu’en 1946, que Mgr O’Bready, alors secrétaire-général de la Société d’histoire des Cantons-de-l’Est, fait apparaitre la toponymie Estrie, en jumelant les éléments « Est » et « trie ». La première partie situe géographiquement le territoire alors que la seconde partie (trie) est une terre riche et féconde.

En 1948, au lendemain d’une position pro-Estrie, du maire de Sherbrooke, Alphonse Trudeau, le notaire Léonidas Bachand, au nom de la Chambre de commerce, critique la décision du maire dans La Tribune. Le débat perdure jusqu’à la nomination officielle de la région administrative 05 – Estrie en 1981, et encore…

Le territoire

Faut-il le rappeler, la région administrative 05 n’a jamais correspondu au territoire d’origine des Cantons-de-l’Est. Le territoire des « Townships » comprend alors, en partie, l’Est de la Montérégie, les MRC de Drummond, d’Arthabaska et des Appalaches. La région 05 s’approche plutôt du territoire développé par la British American Land Company (BALCo) responsable de la colonisation et du développement économique de la région.

En 1981, bien que les régions administratives soient nommées, le territoire desservi par plusieurs ministères dépasse le cadre de la région 05, c’est notamment le cas du ministère de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme.

Comme l’a rappelé récemment l’ancien directeur général de Tourisme Cantons-de-l’Est, Alain Larouche, les MRC de de la Haute-Yamaska et de Brome-Missisquoi ont fait le choix de se joindre à l’Association touristique régionale (ATR) de l’Estrie. Les principaux attraits touristiques de l’Estrie se trouvaient en dehors de la région administrative 05. L’ATR a ainsi rapidement décidé d’utiliser un nom historique plus large que celui de celui de la région administrative.

En continuant de faire rayonner le nom « Cantons-de-l’Est » ici et ailleurs, le toponyme « Estrie » n’a jamais eu le temps de s’enraciner totalement. La pierre ne doit pas être lancé à l’ATR. Les confusions arrivent de toute part.

Bien que Mgr O’Bready prône et clame le nom « Estrie », l’organisme duquel il est à la tête, la Société d’histoire de Cantons-de-l’Est change de nom pour la Société d’histoire de Sherbrooke seulement en 1989. Encore récemment, les décisions politiques ont continué d’engendrer la confusion, par exemple, le territoire du CIUSS de l’Estrie-CHUS dépasse maintenant le territoire de la région 05.

Un nom géographique ou selon son pôle d’influence ?

L’Histoire n’est pas un long chemin droit. Le nom de notre région a évolué selon le contexte juridique, politique et social. Ainsi, dans le livre « Histoire des Cantons-de-l’Est », Kesteman, Southam et St-Pierre (1998) rappelle justement que, pour le territoire qui nous concerne, la complexité de nomination du territoire se confond par la rapidité par laquelle cet espace se développe au XIXe et XXe siècles. Sur deux siècles, cet espace est passé d’un lieu de colonisation à des phases d’urbanisation, d’industrialisation, jumelées à de nouveaux modes de communication et une évolution des marchés économiques. Ainsi, sur cette période, plutôt que d’être défini par ses espaces géographiques statiques, la région se détermine par son centre et son pôle d’influence.

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