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Chronique

Le pont des Grandes-Fourches, un « jeune » de 57 ans

23 avril 2021

Après seulement 57 ans d’activités, le pont des Grandes-Fourches, qui a changé le paysage du centre-ville dès sa construction, est, depuis le 22 avril 2021, fermé définitivement à la circulation.

Dans les années 1950 et 1960, Sherbrooke est en plein essor et l’étalement urbain est d’actualité, tout comme le besoin criant d’améliorer les voies d’accès aux principales zones commerciales et industrielles de la ville. En fait, plusieurs réclament une meilleure organisation du territoire urbain, ce qui inclut la construction de ponts, dès les années 1940. Le fait que Sherbrooke se développe de part et d’autre des rives du confluent des rivières Magog et Saint-François, complique le transport routier. Après la Deuxième Guerre mondiale, un seul pont relit le centre-ville et le quartier Est. Pire, les habitants du quartier Nord, qui s’étend tranquillement vers l’actuel boulevard Jacques-Cartier, doivent alors utiliser le pont Aylmer pour se rendre sur la chemin Drummond (actuelle rue Galt Ouest). Même chose pour les résidents du vieux-Nord qui souhaitent aller dans l’Est de la ville sur la rue Park ou encore à l’église Saint-Jean-Baptiste, entraînant des bouchons de circulation importants et récurrents au centre-ville.

Au début des années 1950, deux nouveaux ponts viennent améliorer le transport urbain à Sherbrooke et, par le fait même, désengorger quelque peu le centre-ville, soit le pont Joffre inauguré en 1951, et le pont Jacques-Cartier, ouvert en 1954. Ce dernier permet de connecter le quartier Nord au quartier Ouest, chez lesquels on observe un développement continu dans le contexte d’après-guerre.

Malgré ces nouvelles infrastructures, la pression demeure forte pour la zone située de part et d’autre de la rivière Saint-François. Signe du mécontentement généralisé, un regroupement de 200 citoyens du quartier Est demande l’améliorer la circulation vers le centre-ville et le quartier Nord.

Ainsi est mis sur la table le projet non pas d’un, mais de deux ponts, au début des années 1960. Puisque les infrastructures se trouvent sur la route nationale Sherbrooke-Québec, le ministère du Travail du Québec subventionne, exceptionnellement pour l’époque, la construction des deux ponts en territoire municipal à hauteur de 250 000 $. Plusieurs compagnies sherbrookoises participent à ces projets d’une valeur totale avoisinant le million de dollars, dont Construction Fabi et Les Aciers de Sherbrooke. Le premier pont doit relier directement le Nord et l’Est de la ville, et se veut un prolongement de la rue Montréal, vers la rue Terrill. Sa construction nécessite l’achat de 19 terrains, dont celui de l’ancienne maison de James S. Mitchell, située entre la maison Morey et l’église Plymouth. Souvent appelé pont Terrill, ou encore pont Montréal lors des discussions préliminaires, prend finalement le nom de pont Saint-François. Outre la fluidité de la circulation entre les deux rives, l’ouverture du pont Saint-François en 1964 engendre également un changement dans la circulation du secteur, alors que les rues Montréal et Moore deviennent à sens unique.

Le pont des Grandes-Fourches quant à lui, profite également de l’octroi d’une aide gouvernementale. Beaucoup plus petit que son voisin, il fait tout de même 530 pieds de long alors que la structure nécessite l’utilisation de 450 cubes de béton et la mise en place de 13 portés, dont le plus haut fait 50 pieds de haut. Le nouveau pont permet de relier la rue des Grandes-Fourches au chemin de Brompton. C’est l’entreprise JSF Construction qui en obtient le mandat. La réalisation du projet nécessite également un réaménagement du secteur, ce qui inclut le déplacement de six pylônes hydro-électriques.

Bien que son utilité est indéniable, sa solidité soulève rapidement des questions. En effet, le pont n’a pas encore 25 ans (1988) et un premier rapport d’inspection démontre des signes d’inquiétude et recommande des travaux de consolidation. Malgré tout, le pont des Grandes-Fourches traverse le temps durant encore trois décennies, avec un volume de 10 000 véhicules par jour au cours des dernières années. Cependant son remplacement est inévitable et différents projets sont discuté au cours des deux dernières décennies. Avec sa fermeture définitive dernièrement, un pas important est franchi vers la réalisation d’un nouveau pont, lequel devrait voir le jour en 2022. Et comme cela fut le cas il y a presque soixante ans, il faut prévoir une reconfiguration complète du secteur, ce qui changera, encore une fois, le visage du centre-ville.

 

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