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Chronique

La musique : une histoire de transmission féminine chez les Caron-Shea

12 février 2025

Chez les Caron-Shea, l’implication féminine est une histoire de famille ! Au fil des décennies, plusieurs femmes de la famille se sont démarquées par leur participation communautaire et musicale active. Née le 18 décembre 1883, Eugénie-Gabrielle Caron développe rapidement son goût et des aptitudes pour la musique grâce à l’éducation artistique qu’elle reçoit. Ses études sont orientées par son oreille musicale attentive alors qu’elle étudie au collège du Mont-Notre-Dame qui offre une solide formation musicale à ses élèves. En 1904, un jury de musiciens de Québec et de Montréal lui décerne le lauréat de l’Académie de Musique à l’Université de Laval.

Au début du XXe siècle, Sherbrooke est un foyer musical en émulsion. Les œuvres en vogue sont les grands oratorios, religieux de préférence, même si la musique profane tente de se faire un chemin.  Eugénie-Gabrielle, qui devient, en 1909, madame Maurice Shea comme on le dit à l’époque, reste particulièrement attentive et inspirée par ce climat effervescent. Il est temps de se faire une place dans ce milieu ! Elle travaille alors sur des traductions en français de partitions musicales, notamment « Salut Sherbrooke, amour de la jeunesse ! » de A. E. J. McCreary (There is music in the air of Sherbrooke’s fair, au début des années 1910). Durant près de 40 ans, Eugénie-Gabrielle est organiste à la paroisse St-Patrick. Elle dispense également des leçons privées de piano jusqu’à 75 ans !

Le couple Caron-Shea a quatre enfants à qui on inculquera un amour profond et sensible pour la musique. Cet intérêt prend particulièrement forme pour les deux filles du couple, Eugénie et Kathleen. Chacune révèle un talent singulier. Ce trio féminin, dont chaque membre a fait ses classes au collège du Mont-Notre-Dame, s’avère musicalement complémentaire : la mère est organiste, Eugénie – davantage connu sous le surnom Mimi – devient une pianiste remarquable alors que Kathleen développe sa voix de soprano.

Inspirée par sa mère et son éducation musicale, Mimi devient organiste pour l’église St-Patrick. La jeune femme est débordante d’énergie et motivée. Tout en travaillant pour une compagnie d’assurance, elle s’implique bénévolement dans plusieurs comités musicaux tels que la Société des concerts de Sherbrooke (pendant près de 36 ans) ou encore auprès des Jeunesses musicales du Canada. Durant les dernières années de sa vie, elle est une militante acharnée pour la création de l’École de musique de l’Université de Sherbrooke, projet qui se concrétise au début des années 1990.

Quant à Kathleen, elle s’illustre par sa belle voix lors de diverses manifestations musicales. Toute première récipiendaire de la bourse du Delphic Study Club de Montréal, elle devient professeur de chant. Ensemble, les deux sœurs participent activement aux Jeudis musicaux ainsi qu’à l’Union musicale, des organisations qui promeuvent la culture musicale et essaient de la démocratiser.

On l’oublie souvent, mais la musique n’est pas la seule passion que partage les membres de la famille Caron-Shea. En effet, le deuxième intérêt familial est l’histoire ! Intéressée par les vieux objets et l’histoire de sa ville, Eugénie-Gabrielle Caron-Shea devient, en 1940, la première femme membre de la Société d’histoire des Cantons-de-l’Est. Cette implication inspire sa fille Mimi qui devient, plusieurs années plus tard, conseillère pour le tout premier comité féminin du même organisme.

Durant plus d’un demi-siècle, les femmes de la famille Caron-Shea ont contribué au rayonnement musical et culturel de la région sherbrookoise.

Photo 1 : Le 22 mai 1940, une réception est donnée pour Kathleen Shea au centre. Sa mère, Eugénie-Gabrielle Caron-Shea, est à sa droite. La mère et la fille partagent une passion commune autour de la musique, ce qui les lie fortement. Fonds Paul-Émile Fortier et Alberta Vincent. Musée d’histoire de Sherbrooke.

Photo 2 : En 1948, l’Orchestre symphonique de Sherbrooke, avec Mimi Shea, pose devant l’objectif. Fonds Paul-Émile Fortier et Alberta Vincent. Musée d’histoire de Sherbrooke.

Photo 3 : Le 22 avril 1946, une quarantaine de personnes célèbrent le dixième anniversaire du Jeudi musical. Une activité que les deux sœurs apprécient particulièrement. Kathleen Shea se trouve au premier rang tandis que Mimi Shea se trouve au fond à gauche. Fonds Paul-Émile Fortier et Alberta Vincent. Musée Musée d’histoire de Sherbrooke.

Photo 4 : À l’aide de collègues de l’Orchestre symphonique de Sherbrooke, Kathleen Shea accueille l’artiste Bidu Suzie arrivant du Metropolitan Opera en date du 24 septembre 1945. De gauche à droite, nous retrouvons Sylvio Lacharité, Kathleen Shea, Bidu Suzie, Mme F.H. Bradley, Charlotte Ndeau et Paul-Émile Fortier.

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