MHIST

Suivez-nous

Inscrivez-vous à notre infolettre

Archives

Nouvelle acquisition au Mhist!

11 janvier 2024

Gérald « Jerry » Robitaille naît à Sherbrooke le 9 février 1942. Très jeune, il apprend les rudiments de la guitare, jusqu’à devenir un multi-instrumentiste de grand niveau reconnu pour le son de sa steel guitar.

Jo’Anne Moreault, née le 21 août 1953 à Sherbrooke, n’a que treize ans lorsqu’elle entame sa carrière au Nick Dean Barn Dance à Compton, ancienne salle de danse appartenant à l’époque au folkloriste Ti-Blanc Richard. Elle est, tout comme son frère Yvan, initiée très tôt à la musique western et country, son père, Paul Moreault, étant un grand amateur de ce genre musical. Johnny Cash et Buck Owens figurent d’ailleurs parmi les artistes favoris de ce dernier. Jo’Anne apprend, dès son plus jeune âge, les chansons de ces légendes anglophones, qu’elle chante alors à l’oreille, puisqu’elle n’en comprend pas les paroles. Qu’à cela ne tienne, à ses tout débuts, le public n’y voit que du feu!

Jerry est dans le milieu de la chanson depuis plusieurs années, lorsque Ti-Blanc Richard lui conseille de travailler avec la talentueuse jeune femme. Ils se rencontrent pour la première fois, en 1968, sur le plateau de l’émission de Lévis Bouliane, bon ami de Paul Moreault qui le convainc alors d’y recevoir Jo’Anne. L’année suivante, Ti-Blanc Richard demande à Jerry de mettre sur pied un orchestre maison pour sa salle de danse. C’est à ce moment que Jerry demande à Jo’Anne de rejoindre le groupe. Le duo, quant à lui, prend officiellement forme en 1970. Ils parcourent alors une grande partie de la province et se produisent dans de nombreuses villes et villages. Fait cocasse, Jo’Anne étant encore mineure, elle ne peut légalement, puisqu’il s’y vend de l’alcool, demeurer dans la salle lorsque le spectacle est terminé. Elle attend donc patiemment dans une autre pièce l’heure du spectacle et doit y retourner une fois leur tour de chant terminé.

Leur premier grand succès s’intitule « On est fait l’un pour l’autre ». Il s’agit d’une reprise francophone d’une pièce originellement interprétée par Buck Owens, « We were made for each other ». Leur premier album est enregistré sur l’étiquette London, dans la capitale même de la musique country, Nashville. Le couple, puisqu’il en est maintenant un, grave deux versions de l’album, une francophone et une anglophone. Ces dernières, combinées, se vendent à plus de 35 000 copies. Au cours de leur voyage, ils font la rencontre du légendaire Johnny Cash, qui les accueille à bras ouverts dans sa maison de Hendersonville, au Tennessee. Le géant de la musique country les qualifie, à l’époque, des meilleurs représentants du genre au Canada. Ils assurent d’ailleurs, en 1984, sa première partie lors de sa venue au Festival Western de Saint-Tite.

Interprétant d’abord des reprises en français et en anglais de chansons américaines, le duo endisque également leurs propres compositions. Jerry et Jo’Anne offrent des prestations musicales, notamment à l’occasion de l’Expo 67, à la Place des Arts de Montréal, sur la même scène que George Jones et Tammy Winette, et au National Art Center d’Ottawa. Au cours de sa carrière, le duo se produit non seulement à travers le Québec, mais participe également à de prestigieuses émissions de télévision canadiennes et américaines dont le « Ralph Emery Show », le « Tommy Hunter Show » et le « Jimmy Phair Show ». En 1973, Jerry et Jo’Anne, assistés d’autres musiciens, entament une résidence de trois mois dans un hôtel de Las Vegas. Et peu importe où il se trouve, le duo incorpore des chansons francophones à son répertoire.

Au fil des ans, Jerry et Jo’Anne s’associent à d’autres groupes et orchestres dont les Cajun Country Gentlemen et Texas Québec. Sillonnant les villes et les villages du Canada et des États-Unis, le duo récolte succès après succès. Au cours des années 1970, ils sont nommés citoyens honoraires des villes de Crowley, Lafayette, Eunice et de la paroisse de Terrebonne, en Louisiane. Au début des années 1980, le duo offre un spectacle aux Îles St-Pierre et Miquelon, en l’honneur du préfet Mussendes.

Reconnus à deux reprises au prestigieux gala de l’A.D.I.S.Q., Jerry et Jo’Anne remportent le trophée du meilleur album country de l’année en 1982 avec « Jerry & Jo’Anne » et, en 1984, avec « Aujourd’hui ».

Le duo se lance également en affaire, fondant sa propre maison de disque, Daisy Records, en 1976. En corporation avec le groupe de musique country Texas Québec, sous la direction de Yvan Moreault, ils se lancent, dix ans plus tard, dans la vente d’instruments de musique. Le commerce, Musikville, est alors situé au Carrefour Dunant, à Sherbrooke.

Après près de vingt ans de carrière, dix-huit albums, quarante-trois 45 tours, deux Félix, l’animation de leur propre émission de télévision sur les ondes de CHLT-TV et un combat incessant pour faire reconnaître la musique country québécoise à sa juste valeur, le duo, tout comme le couple, se sépare à la fin des années 1980. Une page de l’histoire de la musique country québécoise se tourne. Alors que Jo’Anne s’oriente vers le milieu de la mode, lasse de la vie de tournée et du milieu musical en général. Bien qu’elle remonte sur scène à l’occasion au fil des ans et lors d’événements spéciaux, Jo’Anne ne désire pas revenir à la musique. Très heureuse de sa nouvelle vie, elle se dit chanceuse de s’être retirée alors que le duo récoltait encore beaucoup de succès. Jerry, quant à lui, poursuit une carrière solo sous le pseudonyme « Mountain Man ». Il continue d’offrir des prestations en solo et enregistre deux albums en spectacle. Il décède subitement dans la nuit du 21 mars 1996 des suites d’une crise cardiaque. Il est alors âgé de 54 ans. Ses funérailles ont lieu quelques jours plus tard à la Lennoxville United Church. Son entourage est d’accord pour dire que Jerry Robitaille était un homme généreux qui aimait profondément les gens.

Le fonds a été cédé au Mhist par Mme Jo’Anne Moreault l’automne dernier. Il contient des documents textuels, iconographiques, sonores, audiovisuels et des objets, dont quatre robes de scènes portées par Jo’Anne lors de spectacles et séances photo.

Le Mhist est ainsi très fier de contribuer à la mémoire de ce duo iconique sherbrookois. Le succès de Jerry est Jo’Anne est indéniable non seulement sur la scène sherbrookoise, mais à travers le Canada et les États-Unis. Pionniers de la musique country au Québec, leur contribution au style, et à la musique en général, est extraordinaire. Elle a permis à la région, au fil des ans, de s’illustrer sur le plan culturel, mais également de redonner ses lettres de noblesse à un genre musical souvent snobé. Le fonds Jerry et Jo’Anne, mérite que l’on s’y intéresse ne serait-ce que pour comprendre l’essence même d’un courant musical dont la voie, au Québec, a été grandement pavée par le duo. Les documents qui s’y trouvent témoignent de l’expérience extraordinaire vécue par le couple et constituent un intérêt certain pour quiconque s’intéresse ou désire en apprendre davantage sur la scène culturelle du Sherbrooke des années 1960 à 1990.

En attendant que soit traité le nouveau fonds Jerry et Jo’Anne, l’équipe du service d’archives demeure à votre entière disponibilité pour répondre à vos questions. N’hésitez pas à venir vous voir!

Découvrez nos autres articles

    Entre rareté astronomique et curiosité populaire

    Aujourd’hui, Sherbrooke sera aux premières loges pour admirer l’éclipse solaire total qui va traverser le Mexique, les États-Unis et le Canada. Rare, spectaculaire, magnifique, les mots ne manquent pas pour décrire ce phénomène.

    En savoir plus

    Trésors préservés, histoire révélée : Fonds Marie-Jeanne Daigneau

    Aujourd’hui, le Mhist désire rendre hommage à une femme qui lui est chère, Mademoiselle Marie-Jeanne Daigneau.

    En savoir plus

    Trésors préservés, histoire révélée : Fonds de la famille Murray

    La famille Murray fait partie du paysage commercial de Sherbrooke-Est pendant plus de 75 ans grâce à son épicerie de quartier.

    En savoir plus