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Chronique

Un esprit sain dans un corps sain: la prémisse de l’œuvre des terrains de jeux

31 juillet 2020

À l’aube des années 1930, plusieurs craignent l’effet pernicieux des semaines d’oisiveté, durant l’été, sur la jeunesse des classes populaires. Inspirée par ce qui se passe aux États-Unis et dans le Canada anglais depuis plus de deux décennies, l’élite franco-catholique s’intéresse de plus en plus, au cours des années 1920 et 1930, à l’organisation d’activités physiques et morales supervisées. Dans une lettre publiée en mai 1931 dans La Tribune, on affirme que « les terrains de jeux réduiront le nombre de prisons chez nous [et] en tant qu’œuvre d’éducation primordiale, l’OTJ permettra à l’enfant de mieux faire face aux vagues d’idées subversives qui envahissent le monde ». Rien de moins!

De l’air pur, du sport et de bonnes valeurs

Au cours de l’été 1929, Léo Cadorette et le père rédemptoriste Thomas Côté instaurent des journées spéciales pour les jeunes garçons des milieux ouvriers. Les samedis et mercredis, des camions amènent les enfants à la ferme, au pont de Rock Forest, au Petit Lac Magog ou encore au parc Dufresne pour profiter d’activités en plein air. Plusieurs entreprises sherbrookoises, dont Codère Ltée et Thompson & Alix, offrent gratuitement le transport. Au fil des ans, le nombre de journées augmente, tout comme la demande pour ses activités précurseurs de l’OTJ.

Entre 1934 et 1936, alors que des améliorations sont effectuées aux parcs déjà existants, trois nouveaux parcs voient le jour à Sherbrooke, notamment le parc Jacques-Cartier. Ce dernier est rapidement mis à la disposition de l’œuvre des terrains de jeux qui en fait officiellement son « quartier général » en 1936. À partir de ce moment, et jusqu’au début des années 1950, les activités seront centralisées autour de ce dernier : les parcs de quartier des paroisses jouent alors un rôle complémentaire. Mais à quoi ressemblent les activités de l’OTJ à cette époque?

Des activités genrées, non mixtes et inspirées par la morale chrétienne

Tout d’abord, rappelons que l’œuvre des terrains de jeux à Sherbrooke (OTJ) est une œuvre diocésaine. Les aumôniers responsables des activités sont soutenus sur le terrain par des moniteurs souvent issus du Grand Séminaire, pour encadrer les jeunes garçons, et par des Sœurs du Bon-Conseil, pour l’OTJ féminine.

À travers la pratique d’activités physiques variées, on intègre des animations aux thématiques religieuses pour former de bons chrétiens et des citoyens respectueux des autres. Toutefois, alors que les valeurs morales et civiques demeurent au centre des interventions et de l’apprentissage du vivre-ensemble, la dimension religieuse s’estompe au fil des décennies. Du même coup, les équipes de moniteurs et monitrices se sécularisent et se composent, au début des années 1960, très majoritairement de jeunes hommes et femmes de 16 à 21 ans.

Cela dit, l’objectif de l’OTJ demeure de permettre aux enfants de 6 à 12 ans de profiter d’activités encadrées et idéalement en extérieur. Jusque dans les années 1950, leur temps est partagé entre les installations paroissiales et le parc Jacques-Cartier. Les groupes de garçons y vont 3 jours par semaine, alors que les filles s’y rendent à deux reprises. À partir de 1953, des groupes des deux sexes peuvent se retrouver au même endroit en même temps, mais aucun contact entre les filles et les garçons n’est permis. Si au parc Jacques-Cartier la baignade est de mise pour tous, les autres activités sont genrées : du jardinage, de l’artisanat, de la céramique, un peu de sport et des visites à la bibliothèque pour les filles, alors que pour les garçons, seuls différents travaux manuels semblent s’ajouter à une panoplie de sports. Ponctuellement, des activités thématiques s’ajoutent à la programmation, notamment la journée des pompiers au cours de laquelle les enfants fabriquent une cabane et y mettent le feu afin d’assister à l’intervention des pompiers, ou encore un pique-nique rendu possible grâce à une distribution de fruits ou de légumes par Thompson & Alix.

* * *

La passation de la responsabilité du clérical au municipal se concrétise en 1968, alors que l’œuvre des terrains de jeux de Sherbrooke se municipalise, ce qui met fin à la portion « œuvre » de l’organisme. Durant les années 1970 et 1980, les services responsables évoluent, mais la base des services offerts demeure sensiblement la même. Aujourd’hui, les enfants ont le choix de fréquenter différents camps de jour durant la saison estivale, mais pour une grande partie de la population, le vocable OTJ est toujours utilisé.

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