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Chronique

150 d’histoire urbaine: d’un clocher à l’autre

2 juin 2020

Malgré le déclin de la fréquentation des églises depuis trois décennies et la fermeture de certaines, un grand nombre de ces lieux de cultes, presqu’exclusivement protestants et catholiques, font toujours partie du paysage urbain sherbrookois. C’est évidemment au centre-ville et dans le Vieux-Nord que se trouvent les plus anciens édifices, mais une dizaine d’autres, construits entre 1900 et 1950, témoignent du développement des quartiers « plus éloignés ». De ce nombre, quatre églises se font ici porte-parole de l’histoire et des coutumes religieuses de la ville de Sherbrooke.

 

LE PREMIER SIÈCLE AUX ANGLICANS ET MOUVEMENTS PROTESTANTS 

La toute première église de Sherbrooke est bâtie en 1817 et est anglicane, mais malheureusement, il n’en reste rien depuis bien longtemps. Il ne subsiste que deux représentants de la « période anglicane » de Sherbrooke : la Church of the Advent située sur la rue Bowen depuis 1887 et l’église St. Peters.

 

Cette dernière est d’abord construite en bois en 1844, puis en brique en 1902, et se dresse toujours au coin des rues Dufferin et de Montréal. Située à la limite des zones résidentielle et commerciale du Vieux-Nord, l’église de style néogothique accueille alors la communauté anglicane aisée et est la chapelle officielle du 53e régiment de Sherbrooke (Sherbrooke Hussars). Depuis 2007, elle appartient à la Fraternité Sacerdotale Saint-Jean-l’Évangéliste, un ordre catholique apostolique : les marqueurs de son « ancienne vie » sont toutefois toujours bien présents à l’intérieur.

 

Si les anglicans représentent la première communauté influente de la ville, on doit aux congrégationalistes l’actuel doyen des lieux de culte sherbrookois. En effet, construite en 1855, l’église Plymouth, également située sur la rue Dufferin, est le plus ancien édifice religieux de Sherbrooke encore debout. Le clocher octogonal à deux étages ainsi que les pilastres et les colonnes doriques qui supportent le large fronton triangulaire représentent bien le style néogrec choisi par l’architecte William Footner. En 1925, l’Église Unie du Canada est formée par le rassemblement des congrégationalistes, des méthodistes et d’une portion des presbytériens. Quarante-six ans plus tard, les fidèles de la Trinity Church de la rue Court rejoignent ceux de l’Église unie et forme la Plymouth-Trinity Church. L’édifice est classé immeuble patrimonial en 1989, ce qui protège l’intégrité de son architecture extérieure, ainsi que ses vitraux.

LES CATHOLIQUES S’IMPOSENT EN NOMBRE

Avant les années 1860, la population catholique est minoritaire à Sherbrooke. Une première église catholique dédiée à Saint-Colomban est érigée sur le site actuel du Séminaire de Sherbrooke en 1829 pour accueillir les Irlandais catholiques. Toutefois, pour suffire à la demande grandissante, une nouvelle église est construite en 1855, de l’autre côté de la rue, cette fois-ci en l’honneur de Saint-Michel. L’augmentation soutenue de la population canadienne-française à partir des années 1850 teinte à la fois la démographie sherbrookoise, le développement urbain de la ville et l’érection de différentes paroisses catholiques, lesquelles se situent, au fil des décennies, de plus en plus loin du centre-ville, contrairement aux protestantes qui demeurent dans ce secteur ou en périphérie rapprochée.

Vers 1900, il n’y a que trois églises catholiques dans toute la ville, desservant trois paroisses, soit Saint-Michel (rue Marquette), Saint-Jean-Baptiste (rue du Conseil) et St. Patrick (rue King Ouest) : elles seront au nombre de sept en 1930 et de 20 en 1970.

La première église Saint-Jean-Baptiste s’installe au coin de la rue du Conseil et de la 4e Avenue dès 1884 et dessert la population canadienne-française catholique grandissante du quartier Est durant plus de 20 ans. L’actuelle église Saint-Jean-Baptiste, surnommée la cathédrale de l’Est depuis plus d’un siècle, est inaugurée en 1908, et répond davantage aux besoins en espace de la paroisse. Son architecture inspirée à la fois des styles gothique et roman, son acoustique réverbérante et son orgue Casavant font de ce lieu de culte un joyau patrimonial du quartier Est et de la région entière.

Du côté Ouest de la ville, le Petit-Canada, où vivent principalement des artisans et des journaliers canadiens-français, connaît au début du 20e siècle un développement accéléré. Les immeubles à logements se multiplient et relèguent au second plan les petites maisons unifamiliales qui composaient autrefois le lotissement. Nécessairement, qui dit développement d’un quartier dit aussi fondation d’une nouvelle paroisse. Érigée un an après l’érection de la paroisse de l’Immaculée-Conception-de-la-Très-Sainte-Vierge-Marie, l’église paroissiale est située sur l’actuelle rue Adélard-Collette, dans un bâtiment en sous-sol muni d’un minuscule clocher. Les fidèles doivent attendre 1932 pour voir l’achèvement de leur église d’inspiration néogothique, laquelle fait toujours belle figure dans le paysage du quartier.

Au cours des deux dernières décennies, plusieurs paroisses ont cessé leurs activités. Alors que les églises Christ-Roi (1940-2008) et Sainte-Thérèse d’Avila (1922-2000) connaissent une deuxième vie dans un autre champ d’activités, d’autres, comme l’église Saint-Jean-de-Brébeuf (1946-2006), auront moins de chance et tombent sous les pics des démolisseurs.

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