Chronique
Noël, de traditions en traditions
18 Décembre 2020
La période des Fêtes est un moment qui regorge de traditions, qu’elles soient religieuses, profanes ou quelque part entre les deux…. Certaines sont partagées par une majorité de Chrétiens, alors que d’autres sont l’apanage d’un pays, d’une région ou d’une ville. Sans compter les traditions familiales, lesquelles sont tout aussi importantes et variées.
À l’instar de l’exposition temporaire Flocons, fous rires et père Noël, nous vous proposons de découvrir les origines de quelques rituels bien ancrés dans notre culture québécoise.
MON BEAU SAPIN…
Pour plusieurs, le sapin de Noël est l’emblème du temps des Fêtes, la décoration centrale de la maisonnée. C’est en Alsace que l’on retrouve les premières traces de la tradition de l’arbre de Noël, soit autour du XVIe siècle, puis au cours des deux siècles suivants dans certaines régions d’Allemagne, de France et d’Autriche. Dès les débuts, le sapin est privilégié puisqu’on associe ses « feuilles persistantes » à la vie éternelle : il fait un bon substitut à l’arbre du paradis puisque l’on trouve difficilement un pommier avec ses fruits en hiver. Au Québec, ce sont des immigrants allemands et protestants qui auraient propagé cette tradition au cours du XIXe siècle. D’abord adopté par la bourgeoisie, le rituel se répand à l’ensemble de la population – protestants et catholiques – après la Première Guerre mondiale. À l’époque, les familles vont chercher leur arbre le 23 ou le 24 décembre.
Aujourd’hui, boules de plastiques ou de verres, lumières DEL, glaçons et autres babioles garnissent les sapins de Noël selon les goûts, les humeurs et les moyens des familles. Mais comment décore-t-on l’arbre de Noël il y a, disons 200 ans? Puisque la nativité est liée à la célébration de la lumière, les bougies ornent traditionnellement l’arbre et elles sont allumées dès les premières secondes du 25 décembre. La prudence est alors de mise pour ne pas provoquer un incendie! Côté ornements, on utilise d’abord des pommes, symbole du péché originel, lesquelles sont tranquillement remplacées par des boules en bois, en verre, en céramique, ou encore en papier, fabriquées par des artisans, à la maison ou en usine.
COMME UNE ODEUR DE FÊTE
Dans les souvenirs du temps des Fêtes, ou dans les préparatifs du Noël à venir, la nourriture est souvent au centre des préoccupations. Traditionnellement, on demande aux fidèles chrétiens une période de privation trois semaines avant Noël : d’ailleurs, on appelle souvent l’Avent, le petit carême. On se prive alors de sucreries, de desserts et même de viande. Mais ce n’est que partie remise et on se reprend au réveillon suivant la messe de minuit! Biscuits aux épices, gâteaux aux fruits, tartes, dinde, tourtières et autres pâtés à la viande sont au menu pour bien remplir les estomacs des convives.
Au Québec, une grande partie des mets du temps des fêtes sont un amalgame de traditions culinaires issues d’Angleterre, des cultures autochtones, des États-Unis, de l’Allemagne et de France : ici on pense notamment à la dinde, aux atocas, au Christmas Pudding ou encore à la bûche de Noël.
D’ailleurs, saviez-vous qu’à la base, la bûche de Noël n’est pas un dessert? En effet, durant des siècles, la bûche de Noël est une véritable bûche de bois. On l’asperge parfois d’alcool, de miel et d’épices, et on la fait brûler doucement, pour apporter chance et prospérité à la famille. On récupère les cendres et les utilise comme engrais dans le potager. Sans réussir à établir la naissance du célèbre dessert avec précision, bon nombre de gens s’entendent pour situer son apparition au XIXe siècle, probablement en France. Mais est-ce à Paris, à Lyon ou, encore à Monaco? Le mystère demeure entier.
DES CADEAUX DE NOËL OU DES ÉTRENNES?
À compter du milieu du XIXe siècle, l’enfant se retrouve au centre des célébrations de Noël, alors que la remise des cadeaux devient un enjeu central du rituel. Cela dit, à quel moment les familles donnent-elles les fameux présents? Le 24, le 25 ou le 31 décembre? Ou encore le 1er ou le 6 janvier?
Traditionnellement, dans les pays de culture protestante, comme en Allemagne, en Hollande ou en Angleterre, on remet les présents le 24 ou le 25 décembre. Chez les Catholiques, on privilégie plutôt la nouvelle année ou encore l’Épiphanie (6 janvier). Par exemple, en France, les populaires étrennes – généralement des babioles, remises au jour de l’an – côtoient les cadeaux dits de Noël jusqu’à la fin du XIXe siècle, pour finalement se faire détrôner par ceux-ci dans la majorité des familles. Toutefois, l’Épiphanie demeure populaire dans certaines régions françaises, tout comme en Espagne. En Amérique du Nord, les immigrants protestants propagent le rituel de remises de cadeaux le 25 décembre, alors que les Catholiques, notamment au Québec, préservent longtemps la dimension religieuse des célébrations entourant les 24 et 25 décembre, ce qui n’est pas propice à la remise de cadeaux. Le 1er janvier s’avère alors plus favorable. Cela dit, avec l’intensification de la commercialisation de Noël et de la popularisation du père Noël, notamment grâce à la publicité, entre le début du XXe siècle et les années 1940, la remise des cadeaux aux enfants du Québec, ou des Cantons-de-l’Est, tend à s’uniformiser autour de la fête de Noël. Parce qu’après tout, le mythique personnage fait sa livraison des précieux jouets qu’une nuit par année!
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